Raté en Marketing : les QR Codes dans le métro

Raté en Marketing : les QR Codes dans le métro

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Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les QR Codes, il s’agit de code-barres carrés en noir et blanc qui contiennent de l’information encryptée, habituellement une adresse de site, comme vous pouvez le voir ici. Ces QR Codes sont de plus en plus utilisés en publicité, tout spécialement dans le métro de Montréal, le service de transport public de la ville. Il semble que plusieurs agences de marketing et de publicité croient que ces codes sont le futur du marketing.

Et bien ils ont tort. Les QR Codes ne sont pas le futur du marketing, du moins pas dans le transport en commun. Voici pourquoi :

Ils assument que tout le monde possède un smartphone
Pour pouvoir scanner un QR Code, il est nécessaire de posséder un téléphone intelligent doté d’une application qui le décodera. Malheureusement, la plupart des Canadiens n’ont pas de smartphone. Alors que quelques études proposent que seulement 33% des Canadiens en possède un, les analyses les plus optimistes révèlent que 41% de la population ont un smartphone. Cela exclut automatiquement au moins 59% de la population, si on assume que 2 utilisateurs de métro sur 5 ont un iPhone, Android ou BlackBerry. C’est beaucoup.

Je ne suis pas un guru du marketing, mais je croyais que le but des publicités était d’atteindre le plus de gens possible afin de leur vendre des produits ou services. Comment ce but peut-il être accompli si la technologie requise pour lire une publicité exclut 59% des consommateurs potentiels? Je serais très curieuse de savoir si ces publicités arrivent à vendre quoi que ce soit.

Ils assument qu’il y a de l’internet dans les tunnels de métro
La deuxième grosse erreur que les compagnies de marketing et publicité font lorsqu’ils impriment des publicités avec des QR Codes pour le métro de Montréal est qu’ils assument que nous aurons accès à l’information encryptée dans ces derniers.

Bien que les utilisateurs de smartphones puissent utiliser une app afin de décoder du texte et des données, ils n’ont pas accès aux adresses internet dans le transport en commun. Pourquoi? Oh, oui, évidemment, il n’y a pas d’internet dans les tunnels de métro! Les apps utilisées pour scanner le code ne peuvent pas rediriger les consommateurs sur le site voulu puisqu’il n’y a pas de connexion wifi ou 3G.

Voici l’erreur qu’on a lorsqu’on utilise un iPhone pour lire un QR Code qui redirige vers l’adresse d’un site web dans le métro.

Considérant cet important manquement, je suis portée à croire que les gens qui préparent ces publicités n’ont jamais mis le pied dans le métro, sans quoi ils sauraient que de mettre des QR Codes redirigeant vers des sites web dans les wagons est futile et jeter de l’argent par les fenêtres.

Ils assument que c’est facile
Bon, soyons francs. Utiliser une app pour scanner n’est pas particulièrement difficile. Mais cela requiert plusieurs étapes totalement inutiles. Pourquoi les utilisateurs de téléphones intelligents devraient avoir à sortir leur téléphone de leur poche, à l’allumer, à ouvrir l’application qui scannera le QR Code, à se placer devant l’affiche, puis à prendre une photo? Pourquoi auraient-ils à faire toutes ces démarches afin d’avoir accès à un site web? Qu’ils, ah, j’oubliais presque, ne peuvent même pas voir car ils se trouvent dans le métro et qu’il n’y a pas d’internet…

Prenez par exemple cette publicité de Parcs Canada. Elle est bien faite et j’apprécie l’effort d’y avoir mis un gros QR Code. Cependant, si quiconque veut scanner le code, ils devront être assis en face et assez chanceux (comme je l’étais) pour qu’il n’y ait personne d’assit sur la chaise, bloquant l’affiche. Une fois scannée, ils auront l’erreur que j’ai montrée plus haut.

Disons que je voudrais vraiment visiter Louis-S.-St-Laurent. Où se trouve l’adresse du site web sur le poster? Il n’y en a pas. La seule manière de visiter ce site plus tard est d’aller sur Google une fois que je serai chez moi… si je m’en rappelle! Mauvais marketing.

 

Les QR Codes sont pénibles. La plupart des gens n’ont pas de smartphone. Les utilisateurs de smartphones ne veulent pas faire tout ce travail extra afin d’avoir accès à l’information. Les agences veulent nous vendre des produits, pas l’opposé. Et en plus, les codes ne fonctionnent même pas dans le métro. Alors, à quoi bon s’embêter?

À propos de l'auteur

Tina Mailhot-Roberge Tina possède un Baccalauréat en Design de l'Université Concordia à Montréal. Elle pratique comme professionnelle dans les domaines de l'Art et du Design depuis 2007.